Les 3 actionnaires du groupe Bolloré engagés dans « l’affaire » du dépôt d’hydrocarbures de Cerny ont rencontré Mr Pinault, le 5 juillet, chez SFDM à Avon. Ce rendez vous avait été annoncé au préalable sur ce blog, le 30 juin. C’est ici.
Je, Jean Féret, prends l’initiative de publier ma perception de cette réunion. J’insiste bien ici, c’est ma perception, et si je l’affiche, ce n’est pas pour faire croire que c’est celle qu’il faut avoir, mais pour reccueillir des commentaires et avancer, dans l’intérêt général.
1 – le site.
le projet n’est pas celui de Cerny, mais de tout le site de La Ferté Alais, avec 4 pars de citernes et un volume total de stockage de 200.000m3. Distribuer 500.000m3 par an au démarrage, soit 350.000 de plus qu’aujourd’hui, amène à un taux de rotation dans les citernes qui reste très modeste. Ce taux de rotation n’est même pas très différent de l’actuel, tant les échanges par oléoduc seulement existent déjà même s’ils sont invisibles.
Avec l’activité visée à 3 ans, 1,2 millions de m3 / an, ce taux de rotation restera modeste par rapport à ceux des sites « classiques » près des ports et des raffineries.
L’enquête publique présentera l’exploitation du site de cette façon, il sera difficile de contrer cet argument, qui ne repose que sur des chiffres objectifs et incontestables.
Il est souhaitable de faire créer des paliers d’activité dans l’autorisation d’exploitation. Je pense à 2 paliers, 500.000m3/an et 1,2 Mm3/an. Le premier ne pouvant être franchi que si, par exemple, la qualité de l’air (en particulier les COV) à Cerny, n’est pas modifiée, si l’aménagement de l’accès routier n’a pas provoqué d’accident, si la circulation dans Boissy le Cutté n’a pas provoqué d’accident….
Le second palier est un plafond, dont le franchissement exige une procédure d’autorisation identique à celle de maintenant, avec étude d’impact et enquête publique.
2 – la sécurité de l’activité stockage
L’argument qu’ils ne sont pas fous ni suicidaires n’est pas stupide. Mais l’opacité de la surveillance du site, à cause du statut militaire et du confidentiel défense, crée une faille dans laquelle tout opposant peut s’engouffrer et affirmer n’importe quoi pour vendre de l’anxiété. Je pense qu’il faut exiger qu’une instance qui représente les riverains (élus locaux, commission ad hoc, …) ait un accès privilégié au contrôle du fonctionnement du site, éventuellemnt conditionné par une clause de confidentialité sur le volet « anti-attentat » du site. Un PPRT et son volet de concertation semble ici indispensable, et je ne sais pas pourquoi, malgré l’âge de ce site, rien ne semble avoir été créé. La dangerosité du site a été pourtant affirmée en bloquant le projet de Lycée. Ce projet, évoqué pendant la réunion, a encore de l’influence jusqu’à Mennecy puisque le Lycée y est aujourd’hui saturé, à cause de l’absence du second Lycée du Val d’Essonne. Pourquoi le site a t-il été perçu comme dangereux alors, et plus maintenant pour ne pas démarrer un PPRT?
Pendant la réunion, les explications techniques m’ont semblé largement assez convaincantes pour que le dossier de l’enquête publique soit solide.
3 – le site de Cerny et l’urbanisme à Cerny.
Quelles sont les restrictions d’ordre urbanistiques introduites sur la commune de Cerny à cause de cete nouvelle activité? Est-ce qu’il y aura un zonage inconstructible plus grand? Est-ce qu’un périmètre où une information obligatoire sur un risque industriel va s’élargir? Si oui, il faut se préparer à le faire valoir dans l’enquête publique, évaluer son impact économique (en euros) et que la commune de Cerny demande une compensation. Ce point est d’ailleurs relié à celui des « paliers d’activité » dont le franchissement est conditionné par, par exemple, des niveaux de compensation qui s’élèvent.
Ainsi, dans l’hypothèse où un PPRT serait créé, est-ce que des riverains subiraient un préjudice économique à cause de prescriptions d’urbanisme de ce PPRT?
4 le futur du site
Techniquement, sans changer les tuyaux et les pompes, il peut monter jusqu’à 2 millions m3/an. Entre 1,2 et 2 millions m3/an, l’activité du site de La Ferté Alais diminue celle autour de Grand Puits.
Pour aller au delà de 2 millions m3/an, il faut construire du tuyau, soit en provenance de Donges, soit en prolongeant du Le Havre – Paris de Trapil de Grigny à La Ferté Alais. Pour moi, cette hypothèse n’est pas stupide. La valeur créée par la transformation du site de Grigny en terrains constructibles permet de payer ce prolongement.
C’est pourquoi je pense que l’autorisation d’exploitation doit contenir un plafond de 1,2 millions de m3/an
5 la différence entre l’exploitation du site et l’exploitation du RD191
La procédure qui reste à venir ne concerne plus l’exploitation de la totalité du RD191, donc à peine le carrefour devant le site de Cerny et pas beaucoup plus!
Nous avons maintenant 2 dossiers, l’un pour l’exploitation de parcs de citernes, avec une enquête publique à venir, et l’autre sur l’exploitation d’une route, avec rien devant nous. C’est pourquoi toutes les actions de notre part doivent ne pas mélanger les 2 dossiers, qui vont avoir une vie indépendante.
Le dossier RD191 a aussi la particularité de ne pas concerner seulement SFDM. C’est pourquoi il serait, à mon avis, imporductif d’attaquer seulement SFDM sur ce volet. A la limite, SFDM a, comme les communes riveraines du RD191, intérêt à un bon fonctionnement d’un axe routier entre la N20 et l’A6, loin des agglomérations et sans intersections dangereuses.
ll faudrait faire participer SFDM à toutes les actions pour rendre acceptable la circulation du le RD191, en particulier parce que si l’exploitation de cette route devient impossible, les investissements dans Cerny deviennent inutiles. Les aberrations de l’exploitation du RD191, telle qu’elle est envisagée par le conseil général de l’Essonne, constituent une faiblesse dans la stratégie de SFDM.
A nouveau, les paliers d’exploitation à obtenir dans l’autorisation d’exploitation seraient un outil avec une réexamen de ces paliers chaque année et en y introduisant l’exploitation de la route. (par exemple, s’il y a des accidents de camions citerne, on baisse le plafond d’activité jusqu’à ce qu’un aménagement des portions de route affectées par les accidents soient modifiées.
6 la connexion avec l’OIN Seine Amont et la région.
Nous avons suggéré de prendre attache avec la direction de l’OIN Seine Amont. Cette OIN provoque en effet le besoin de développer le site de Cerny, pour créer des richesses autour de Vitry sur Seine. Cerny, principale commune impactée, doit pouvoir partager cette richesse avec les communes de l’OIN. Mr Pinault rencontre le sous-préfet d’Etampes le 13 juillet, il faudrait peut-être lui demander d’exprimer cette demande à cette occasion. Mais c’est aussi un motif pour créer rapidement, même informellement, l’association des élus du RD191, y installer un ou plusieurs élus dont la notoriété est nationale, et préparons une discussion « de haut niveau » entre ces élus d’une part et l’Etat ou la région d’autre part.